lundi 20 octobre 2008

A l'Est, rien de nouveau

Une brève de l'AFP au sujet de la publicité sur les chaînes publiques :

PARIS (AFP) — France Télévisions va baisser ses tarifs publicitaires de 10% en journée en 2009 avec "la volonté d'être très compétitif", a-t-on appris jeudi auprès de la régie publicitaire du groupe public, confirmant une information des Echos.

Pour relancer la machine, les chaînes télés ont sabré dans leurs grilles tarifaires, avec TF1 qui début octobre avait déjà annoncé une baisse de 4,8% des écrans publicitaires... J'imagine que la crise actuelle n'arrange rien, les budgets pubs étant souvent très affectés par les grandes crises internationales, comme après le 11-septembre.

Cette nouvelle laisse, je trouve, un sentiment de capitulation, ou de défaite, l'audience de TF1 ne cesse de fondre, après être passé au tournant de l'été sous la barre symbolique des 30% de parts de marché. Un effritement des colosses du PAF (la situation financière du groupe France Télévisions après la fin de la pub n'est pas garantie) qui, de mon point de vue, est assez symbolique du manque de réactivité des géants des médias face aux NTIC (la TNT et le web pour les grandes chaînes hertziennes, le web et les gratuits pour la presse écrite).

La crise "aidant", on a pas fini de voir se reconfigurer complètement le secteur des médias !

jeudi 16 octobre 2008

La 4ème licence mobile enterrée "à 98%"


Ce sont les termes d'un proche du dossier cité par le Figaro, qui le 15 octobre nous confirmait ainsi le choix du gouvernement de ne pas attribuer la 4ème licence 3G à un nouvel entrant, pour la réserver aux opérateurs existants (Orange, Bouygues, SFR). Une nouvelle qui va à l'encontre de l'avis de l'ARCEP, le régulateur des télécoms, qui avait prôné l'ouverture de ce marché somme toute dominé et fermé par les 3 opérateurs à la concurrence.

Cette décision était extrêmement attendue au vu de l'importance des conséquences : l'ouverture du marché de la 3G aurait fait chuter les prix, permettant l'accès à l'Internet mobile d'une plus grande partie de la population, mais aurait également entamé le monopole existant sur les tarifs. A croire que les opérateurs existants ont su être très convaincants, peut-être ont-ils du accepter en retour d'être taxé pour financer les télévisions publiques comme je l'écrivais récemment.

Si la nouvelle est à prendre avec précaution, elle devrait être officialisée lundi par le président Sarkozy dans le cadre plus large du "Plan Numérique 2012" qui fixera les grands orientations du secteur des télécoms et des médias (qui deviennent un, comme le montre la stratégie d'Orange) pour les année à venir.

Free est donc renvoyé dans ses cordes à 2012 pour éventuellement pouvoir mettre la main sur les "fréquences en or" libérées par la télévision analogique... mais ces fréquences coûteront de 1,5 à 3 milliards d'euros, bien au-dessus des 619 millions d'euros de la 4ème licence, que Free n'avait déjà pas pu payer l'année dernière, et qui demandait à nouveau cette année un étalement du paiement.

A souligner, la Bourse a applaudi cette rumeur en poussant à la hausse le titre Iliad, maison-mère de Free... Peut-être n'était-ce donc pas à leur niveau.

mardi 14 octobre 2008

Crise économique mondiale et responsabilité des médias

La crise, telle qu'elle est expliquée dans nos journaux, tv, sites web, radios, paraît presque "naturelle", au sens où elle est présentée comme une catastrophe, avec un soupçon de fatalisme par moment... Les médias parlent même de la "mort du capitalisme", comme si celui-ci était un être vivant.

Au-delà des controverses sur les origines de la crise, ses mécanismes (à mon avis trop complexes pour être expliqué uniquement par les subprimes), ses solutions, si elles existent, nos sociétés abreuvées d'information n'ont pu avoir connaissance et conscience de cette "crise" que par les médias... qui portent donc une responsabilité dans la manière dont cette crise est perçue par les consommateurs des médias, c'est à dire à peu près tout le monde. Ne serait-ce qu'en écrivant ces lignes, je participe moi-même à cette influence des médias.

Certains journaux ont eu le courage de s'interroger sur l'influence des médias dans la propagation et l'intensité de la crise, un regard sur soi qui est assez rare dans un milieu où les journalistes et donneurs d'opinions ont généralement une haute estime de leurs propos... si haute qu'ils estiment qu'elle mérite (ou parfois même qu'elle doit) être partagée dans les colonnes d'un journal, dans une tribune, sur un site.

La question de cette influence se pose évidemment parce qu'il s'agit d'une crise de confiance. Les analystes sont relativement d'accord sur le fait que les chutes en Bourse de la semaine passée n'avaient rien de rationnel. Certains établissements solides ont dégringolé, parfois plus par peur que par calcul rationnel. Et s'ils ont eu peur, c'est que les médias ont aussi forcé le trait par endroit. Mais comment faire, alors, pour parler de la crise sans apeurer, tout en restant un minimum objectif ? Doit-on penser comme Carole, de RTLinfo.be, que les médias auraient du redorer le blason des banques et souligner leur rôle fondamental ? Dans sa lettre à RTLinfo, elle précise sa pensée :

"Si, au lieu de passer votre temps à expliquer les causes de la crise actuelle et attiser les rancoeurs et colères, vous expliquiez les conséquences d'une panique des épargnants et de leurs retraits des banques?!!"

En France, LeMonde.fr tente la contorsion également de se regarder soi-même agissant au milieu de la crise... un exercice peu simple. Comment peut-on titrer "les médias parlent-ils trop de la crise ?" quand les "Unes" précédentes n'ont parlé que de ça ? Il faut aller chercher dans les commentaires pour trouver des critiques :

"C'est bon, on a compris... La Bourse chute ! Tout ce que vous faites n'est que de la dramatisation à sensation et vous empirez les choses en effrayant vos lecteurs. C'est scandaleux !"

Pour terminer, une vidéo d'Arrêt Sur Images, une émission-site qui fait du bien à la tête en ces périodes de troubles !





mardi 7 octobre 2008

358 candidats à la radio numérique (Le Monde)

358 radios se sont portées candidates à l'acquisition d'une licence "radio numérique", selon Le Monde :

"Une étape critique a été franchie", se félicite Rachid Arhab, membre du CSA chargé de la radio numérique. Il est vrai qu'une première échéance fixée mi-juin avait été boudée par les postulants potentiels. Ils demandaient que leur soient attribuées des fréquences dans la "bande 3", qui devraient être libérées lors du basculement de la télévision analogique vers le numérique. Même si, aujourd'hui, ni le calendrier d'attribution de ces fréquences ni leur nombre n'est encore fixé, le principe de leur affectation à la radio numérique a été affirmé par le gouvernement.

Beaucoup de zones d'ombre subsistent encore sur la radio numérique. A priori, ses promoteurs soulignent qu'elle sera synonyme d'une meilleure qualité d'écoute, qu'elle devrait favoriser la continuité de l'antenne sur une large couverture territoriale et qu'elle sera source de nouveaux services de données et d'images associés. Mais pour recevoir ces émissions numérisées, les auditeurs devront acheter un nouveau récepteur. A quel prix, à quel rythme et dans quels délais ces produits seront-ils disponibles dans les magasins ? Là encore, les questions restent en suspend.

Dans ce contexte, les radios étaient plutôt frileuses face à cette mutation. Mais la concurrence d'Internet pousse les radios privées à franchir le pas. Les radios associatives, elles, s'inquiètent pour leur survie face au surcoût de la numérisation (Le Monde du 3 octobre).

Dans les projets déposés auprès du CSA, peu de nouveaux entrants, à l'exception notable de TF1, qui dévoile ses ambitions pour ce média. Les acteurs en place ont déposé un nombre de dossiers supérieur au nombre de radios qu'ils possèdent. Ainsi, Lagardère a quatre ou cinq nouveaux projets, NRJ en a quatre et RTL trois. Seul Skyrock reste à périmètre constant.

"Il y a deux secteurs privilégiés, l'information en continu et le sport", constate M. Arhab. Le CSA devrait dévoiler son choix en mars 2009. A noter que ce premier appel à candidatures porte sur une couverture de 30 % de la population et qu'il prévoit, à Paris, 63 radios numériques. Le début des émissions est programmé pour la fin de 2009. Sous toute réserve."

(Le Monde)

jeudi 2 octobre 2008

Internet doit devenir encore plus accessible !

C'est un enjeu majeur pour la société française dans son ensemble : Internet doit devenir encore plus accessible que ce qu'il est actuellement. De Paris, on ne se rend pas toujours bien compte de l'accès à Internet, nos métiers se sont adaptés au réseau, nos loisirs y sont définis, le divertissement, également... mais Paris est une exception, et les Français ne sont pas encore tous égaux face à la numérisation. En ce sens, parler de "fracture numérique" est toujours d'actualité.

Internet est loin d'être à la portée de tous comme le rappelle cet article du Journal du Net, très pourvu en chiffres. Tout d'abord, il faut savoir définir ce qu'est un internaute. D'après Médiamétrie, qui fournit les chiffres du JDN,"est internaute les personnes âgées de 11 ans et plus déclarant s'être connectés à Internet via une connection haut débit au cours du mois". Et les chiffres ne sont pas aussi hauts que ce que l'on pourrait croire : il y avait 10 millions d'internautes en 2005, et un presque 25 millions en janvier 2008. Loin, donc, des 60 millions de Français, même en excluant la part des moins de 11 ans.

Et pourtant, c'est sur Internet que sont diffusés les nouveaux contenus, du divertissement à la science en passant par l'acutalités et la culture. Les médias traditionnels sont en crise, et les innovations technologiques (la 3G, le WiMax, l'ADSL) attirent toujours plus de créateurs de contenus uniquement sur le web. Les médias traditionnels deviennent d'ailleurs de plus en plus des relais des contenus web, et non plus l'inverse : combien de journaux "papiers" citent des sources internet, des blogs, combien se réfèrent à des contenus vidéos diffusés sur YouTube ou DailyMotion ? Internet est clairement devenue un vecteur incontournable de diffusion des contenus.

C'est pourquoi il faut que le "réseau des réseaux" devienne accessible au plus grand nombre, et rapidement, sans quoi de nouvelles inégalités risquent de se creuser entre connectés et non-connectés. On sait que certaines zones ne sont toujours pas dégroupées, ou partiellement : les utilisateurs sont contraints de souscrire des abonnements chez Orange, unique pourvoyeur dans les zones nons dégroupées, et quand on connaît un peu l'écart tarifaire dont ils profitent... malgré la possibilité d'avoir un opérateur alternatif, les conditions sont souvent moins bonnes que dans les grandes villes, et quand une panne survient, c'est souvent très compliqué. Pour le reste, on ne compte "que", même si le chiffre est important, 17 millions d'abonnés ADSL.

Comment rendre Internet accessible au plus grand nombre ? Cette question fait ressurgir le débat entre la couverture la population et celle du territoire, 2 concepts qui n'englobent pas les mêmes zones, la vouverture du territoire étant la plus difficile à assumer, car il faut souvent aller installer le réseau physique dans dez zones isolées, reculées... mais où vivent et travaillent des habitants qui eux aussi ont droit, besoin et envie d'avoir accès à une connection de qualité. Le terme précis est celui "d'accessibilité numérique", un peu comme l'accessiblité quand on pense aux différents handicaps, temporaires ou permanents, qui nuisent à la bonne qualité de vie de certaines personnes.

Plusieurs normes et standards devraient permettre d'étendre cette couverture numérique aux zones les plus reculées, comme le notait Matbe : "autres solutions à mettre en œuvre : le passage au protocole IPv6, le Wi-Fi, le WiMAX, le RFID, le Bluetooth, etc."

La 3G est également un format qui devrait permettre de couvrir une plus large population... si tant est que les opérateurs existants ou désireux d'entrer sur ce marché se donnent la peine de couvrir démocratiquement et non pas qu'économiquement le territoire français. En ce sens le statu quoi actuel des opérateurs est un scandale silencieux : les zones blanches continuent d'exister, car aucun n'a d'obligation formelle d'aller "perdre" un peu de leurs bénéfices pour couvrir les plus isolés. C'est également u problème lors de déplacements professionnels, quand les connections "coupent" au beau milieu d'un trajet.

L'arrivée d'un nouvel opérateur sur la 3G devra donc répondre à cet impératif de résorber la fracture numérique, c'est également une demande forte des collectivités locales qui ont besoin d'apporter à leurs populations un service Internet digne de ce nom. Car nous sommes dans une démocratie et que l'inégalité d'accès à un service aussi vital qu'Internet est inadmissible.