lundi 19 mars 2012

Pierre Danon et la fragmentation des réseaux : pour un réseau ouvert et partagé

Le développement du très haut débit en France rencontre de nombreux obstacles. Pour preuve, les chiffres de pénétration, très faible au niveau européen, avec à peine plus d’un demi-million de « privilégiés », principalement en ville, en plus !

Une solution, ou une piste en tout cas, serait la construction d’un réseau unique, ouvert, sur lequel chaque opérateur puisse louer sa partie et verser une redevance... un peu comme sur le modèle de RFF qui loue son réseau à la SNCF, et bientôt à d’autres opérateurs ! La thématique de la neutralité du Net n’est pas loin non plus…




Le nom de ce mythe ? « Fibre de France » ou « Réseau de France » pour les aficionados. Pourtant, si l’idée d’un réseau unique, ouvert permettrait sûrement un meilleur déploiement qu’actuellement, plusieurs obstacles s’y opposent. Pierre Danon, routier des télécoms, est passé par l’Irlande, la France, la Belgique et le Danmark. Il précise pourquoi l’idée n’est pas si attractive.



Tout d’abord, des infrastructures pré-éxistent. Impossible donc d’imaginer faire table rase du passé. L’infrastructure du web, comme son écosystème logiciel actuel, est une histoire de strates, d’accumulations, pas de révolutions.

Pierre Danon : grand entretien sur les télécommunications from IDPI on Vimeo.



Ensuite, la concurrence. Seule l'intervention publique serait en mesure de construire ce réseau unique. Et pour cause, il s’agirait d’une infrastructure nationale ! Quid des opérateurs privés existants ? Ou d’autres collectivités territoriales disposant de leurs propres réseaux ? C’est là que le bât blesserait. La France, et à fortiori la Commission Européenne, ne prennent pas du tout le sens d’un retour de la puissance publique pour ce type de méga-investissement.

Enfin, l’histoire. « Souvenez-vous du plan câble ! », s’exclame Pierre Danon. Un fatras de bureaucratie, administration, de déresponsabilisation et de gâchis d’argent. C’est également une version que soutient René Ricol, le commissaire général à l'investissement, expliquant les principaux critères d'éligibilité des projets réclamant des subventions du grand emprunt.



L’idée, donc, c’est plutôt un cadre de régulation qui permet aux acteurs, privés ou publics, de se regrouper pour atteindre un niveau d’investissement minimum, tout en gardant un réseau ouvert à tous. C’est le chemin pris par Orange, SFR et les autres acteurs de la fibre.

dimanche 18 mars 2012

Roularta: en hausse malgré une fin 2011 difficile.

Roularta Media Group gagne 2,3% à 17,7 euros à Bruxelles, malgré la publication de comptes 2011 pénalisés par le dernier trimestre, l'année 2012 connaissant un départ plus satisfaisant.

Le groupe, qui exploite notamment les tires L'Express et L'Expansion en France, affiche un résultat net courant de 30,5 millions d'euros pour 2011, contre 38,9 millions en 2010.

Le REBIT a cédé 16,4% à 54,1 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires corrigé qui a progressé de 1,9%, à 725,2 millions, dont +3,7% pour la division médias audiovisuels et +1,4% pour celle des médias imprimés.

Roularta explique qu'un quatrième trimestre moins bon, accompagné de frais de programmation et d'extensions de ligne chez VMMa, a pesé sur ses résultats.

'Le climat économique général au cours des derniers mois de 2011 a incité les annonceurs à reporter leurs dépenses', explique-t-il. 'Les résultats ont également été influencés par des coûts uniques et des restructurations, à concurrence de 15,6 millions d'euros'.

Roularta indique toutefois que son premier trimestre 2012 a bien commencé. 'Les magazines du groupe continuent à réaliser de belles prestations sur le marché des lecteurs, enregistrent une hausse légère au niveau de la diffusion payée, et connaissent de meilleurs résultats que le marché global des magazines', affirme le groupe de médias.

Le conseil d'administration de Roularta proposera à l'assemblée générale du 15 mai 2012 de distribuer un dividende brut de 0,35 euro par action.

Source : http://bourse.lefigaro.fr/indices-actions/actu-conseils/roularta-en-hausse-malgre-une-fin-2011-difficile-163989

samedi 17 mars 2012

Pierre Danon, expert télécoms, précise les enjeux de la délinéarisation des programmes TV

La grille des programmes n'est plus le seul guide de nos soirées télé. Cette tendance à la délinéarisation, nous l'avons tous expérimenté. Derrière ce mot se cache un concept simple : la vidéo à la demande, ou VOD. Pierre Danon, ancien dirigeant de nombreux opérateurs télécoms européens et Chairman de l'opérateur Volia en Ukraine, explique que "La délinéarisation, l'ouverture des contenus, c'est la vraie révolution : le délinéaire, cette idée que je peux consommer ce que je veux, quand je veux, zoomer sur ce qui m'intéresse, est en train de changer notre mode de consommation." Envie de regarder un film ? Plus besoin d'aller au vidéoclub ni même de le télécharger (légalement), il suffit de le choisir dans la liste qui s'affiche sur l'écran. On n'a jamais été aussi proche du cinéma à la maison.





Pierre Danon - entretien IDPI -... par IDPI1


Si le concept en séduit plus d'un, d'autres ont du soucis à se faire. C'est le paradoxe que souligne notamment dans cet interview donnée au thinktank IDPI Pierre Danon : "le délinéaire est un plus pour les opérateurs mais devient un moins en créant de la concurrence."


Car les grandes chaînes du petit écran ne sont pas les seules à y avoir pensé. Apple TV ou Google TV, pour ne citer qu'elles, proposent déjà une forme de télévision délinéarisée, interactive et toujours connectée. Face à cela, la tentation pourrait être de réserver des contenus exclusifs à ses seuls abonnés. "Rester dans un monde fermé serait une erreur" précise Pierre Danon. Toutefois, "si les éditeurs de contenus s'ouvrent trop largement aux applications gratuites, cela peut devenir dangereux. Il y a des contenus qui s'y prêtent bien : ceux qui sont financés par la pub. Ils font de grosses audiences et génèrent un revenu." Mais pour des contenus plus confidentiels, le risque est grand d’être écrasé par le rouleau-compresseur d’une logique du tout-gratuit.

La menace pèse également sur les émissions de divertissement. Jeux télévisés, magazines bas de gamme, témoignages en tout genre qui sont plus souvent un bruit de fond qu'un véritable centre d'intérêt. Si le public peut composer son propre programme télé, pourquoi choisirait-il des émissions de divertissement ? Comment subsister, se renouveler, pour continuer à séduire ?




La première piste explorée est de « stariser » des intervenants réguliers, pour valoriser la seconde vie donnée aux émissions qui après diffusion sont mise en ligne par la chaîne, en replay. Un chroniqueur attractif, l’apparition d’une ancienne vedette permettent de profiter à plein du transmedia, que est un moyen pour la chaîne de faire parler de son programme plus longtemps et de l'exposer à des publics plus larges. Celui-ci étant devenu visionnable partout, tout le temps, grâce aux smartphones et autres tablettes tactiles, le buzz joue à plein.


Le transmedia a cet autre avantage de permettre une interaction avec le spectateur : sur le net, on regarde mais pas seulement. On tweete, on poste sur Facebook... On partage et surtout on réagit. Il importe donc pour les émissions de divertissement d’intégrer, sous une forme ou sous une autre, cette interactivité pour capter un nouveau public.

Exemple en date le plus marquant, "Seriez-vous un bon expert ?", diffusé sur France 2. Le concept est simple : des candidats, des questions et des célébrités qui font office d'experts. L’originalité de l’émission réside dans le fait que les candidats ne sont pas seulement ceux qui apparaissent à l'écran. Tous les téléspectateurs peuvent jouer, en direct et depuis leur smartphone, grâce à une application dédiée qui leur permet d’affronter les candidats sur le plateau. L'interaction est totale, plus besoin d'envoyer de SMS surtaxé pour tenter de gagner. Des indices sont mis en ligne en temps réel sur la page Facebook de l’émission. C’est à l’aune de cette complémentarité qu’il faut envisager l’avenir : "Les jeunes consommerons de plus en plus délinéaire, en plus du linéaire. Le délinéaire ne remplace pas le linéaire", conclut Pierre Danon.





L'avenir reste donc ouvert pour les émissions de la grille de telles que nous les connaissons aujourd'hui. Leur disparition relève encore de la science fiction (certains diront de l'utopie) pourvu qu’elles identifient des moyens de se renouveler. C'est par exemple ce qu'a montré récemment le documentaire Prison Valley, diffusé à la télévision et sur Internet, en proposant des contenus cachés à découvrir en stoppant le film à différents moments.