samedi 23 août 2008

vendredi 22 août 2008

Salons web automne/hiver 2008 : présentation et enjeux



La rentrée 2008 sera chargée pour ceux qui voudront suivre les dernières évolutions du web 2.0, et plus généralement des nouveaux médias, avec pas moins d'une vingtaine de salons conséquents, un peu partout dans le monde. En voici une liste non exhaustive à laquelle toute nouvelle contribution sera la bienvenue :), à partir des programmes trouvés ici ou là :

1- Virtual Worlds Conference & Expo - Los Angeles, les 3 et 4 septembre
2 - Office 2.0 Conference - San Francisco, les 3, 4 et 5 septembre
3- TechCrunch50 - San Francisco, les 8, 9 et 10 septembre
4- Digital ID World 2008 - Anaheim (Californie), les 8, 9 et 10 septembre
5- WikiSym 2008 - Porto (Portugal), les 8, 9 et 10 septembre
6- Web 2.0 Expo - New York, les 16, 17, 18 et 19 septembre
7- Interop New York 2008 - New York, les 15, 1, 17, 18 et 19 septembre
8- PodCamp Montréal - Montréal, les 20 et 21 septembre
9- BlogWorld&NewMediaExpo - Las Vegas, les 20 et 21 septembre
10- EmTech08 - Boston (MIT), les 23, 24 et 25 septembre
11- KM World&Intranets 2008 - San-Jose (Californie), les 23, 24 et 25 septembre
12-WebBuilder 2.0 - Las Vegas, les 13, 14 et 15 octobre
13- Web 2.0 Expo Europe - Berlin, les 21, 22 et 23 octobre
14- International Semantic Web Conference - Karlsrhue (Allemagne), du 26 au 30 octobre
15- Web 2.0 Summit - San Francisco, les 5, 6 et 7 novembre
16- PubCon 2008 - Las Vegas, les 11, 12, 13 et 14 novembre
17- Webcom-Montréal - Montréal, le 12 novembre
18- Online Information 2008 - Londres, les 2, 3 et 4 décembre
19- Gilbane Boston Conference, Boston, les 2, 3 et 4 décembre
20- LeWeb 08 - Paris, les 9 et 10 décembre
21- Search Engines Strategy 2008 - Chicago, du 8 au 12 décembre

Evidemment, cela fait beaucoup, mais les compte-rendus des blogeurs participants ne manqueront pas.

Ces salons sont importants à plusieurs titres. Outre la possibilité d'élargir son réseau et éventuellement de nouer des partenariats, les interventions et conférences permettent de formaliser les nouvelles conceptions du web.
Ainsi, le web 2.0 summit de San Francisco a depuis 4 ans affiné la définition du web 2.0, en enrôlant un nombre toujours plus important de participants. On peut résumer ce que ces salons ont apporté au fil des ans :

- 2004 : le web entre dans une nouvelle ère, aidé par les progrès technologique (haut-débit, matériel plus accessible). Cette nouvelle ère est nommée "web 2.0" par Tim O'Reilly et son équipe.
- 2005 : Les start-up partent à la reconquête du web après avoir vu leur enthousiasme douché par l'explosion de la bulle internet quelques années plutôt.
- 2006 : un salon moins créatif, mais où les médias et les entreprises plus 'traditionnelles' se sont invités. Le web 2.0 atteint alors une phase de maturité, les grands acteurs commencent à saisir les possibilités commerciales de ce média.
- 2007 : Beaucoup plus de visiteurs que les deux précédentes éditions, avec une attention particulière pour les développeurs et les start-up, de nouveau très créatives. Principales stars
du salon : les réseaux sociaux (Facebook notamment) et l'iPhone, que l'on retrouvera dans une bonne moitié des conférences. Ce salon est aussi l'occasion pour le web sémantique (assimilé au "web 3.0", voir le tableau ci-contre) de montrer ses premières applications. Enfin, les participants ont aussi évoqué à plusieurs reprises deux des futurs centres de gravité de la communauté web : le marché Chinois, en plein expansion, et l'Internet mobile, grâce notamment aux innovations d'Apple (iPhone), d'Amazon (Kindle), de Google (gPhone).



La synthèse effectuée par Mary Meeker, que l'on peut trouver sur le site de Morgan Stanley, a également permis d'avoir en un coup d'oeil les principales tendances du réseau.

Voilà pour les éditions précédentes... Pour la suite, que peut-on attendre de cette édition 2008 ? A voir la liste des invités, il s'agit d'une propagation de l'esprit web 2.0 à l'ensemble de la société, comme en témoigne la présence d'Al Gore et de Lance Armstrong. Cette démarche s'inscrit dans une quête de la simplicité, en quelque sorte. Les systèmes les plus complexes de la planète semblent atteindre, ou en tout cas montrer, leurs limites : crise financière due à une perte de contrôle de l'ensemble du système, crise environnementale globale, crise des systèmes de financement de la santé publique, des retraites, guerres de religions persistantes... D'où l'idée (l'utopie ?) que le web, sa simplicité et son aspect intuitif, notamment, pourrait apporter une vision capable de résoudre certains de ces problèmes, par l'intelligence collective, la mise en réseau.
Les salons de l'automne 2008 signeront donc probablement le décloisonnement de la sphère de l'Internet, en incluant les leaders venus d'autres horizons.

mercredi 20 août 2008

Spikko, concurrent de Skype

Une start-up à suivre, puisqu'elle ne prétend pas moins que concurrencer Skype, qui a comptabilisé en février 2008 100 milliards de minutes de communication, fort de près de 280 millions de membres. Spikko, basé en Israël, offre également un service de VoIP, la téléphonie par internet.

L'innovation de Spikko, c'est de proposer des appels gratuits non seulement vers les ordinateurs équipés du logiciel, mais aussi vers les fixes et les mobiles du monde entier (alors que c'est précisément la manne de Skype avec SkypeOut). Comment assurer ce service complètement gratuit ? Spikko innove aussi à ce niveau, en jouant en deux temps.

Dans un premier temps, il est possible de gagner des demi-heures de communication en invitant ses connaissances à utiliser Spikko, comme dans un système de parrainage.
Dans un second temps, Spikko tirera ses revenus de la publicité et des appels entrants vers Spikko (au prix d'un appel local).

Spikko développe en bêta une version de son SpikkoPhone pour les terminaux équipés 3G . A suivre, donc !

http://www.nfc.co.il/UploadFiles/ForumFiles/950656558.JPG

mercredi 6 août 2008

Mutation de la chronologie de diffusion des médias


La "chronologie de diffusion des médias", parfois aussi appelée plus simplement "chronologie des médias", est un concept intéressant, car en grande mutation ces derniers temps, avec l'accéleration de la diffusion des contenus, gains de temps permis par les avancées technologiques des NTIC (piratage, mais aussi VOD). Voici un panorama de l'évolution de cette chronologie, et quelques pistes sur ses mutations futures.

"Les dispositifs de chronologie des médias ont été institués, au niveau national puis au niveau européen, dans les années 80 pour protéger les exploitants de salles de cinéma contre la concurrence de la télévision et des supports enregistrés", trouve t-on sur le site de la DDM.
Concrêtement, les institutions nationales (et européennes, par la suite), ont défini des délais obligatoires avant la diffusion d'oeuvres audiovisuelles par d'autres médias (TV, notamment). Ces délais fondent avec l'avancée des NTIC : l'ORTF avait en son temps défini un minimum de 5 ans entre la sortie d'une oeuvre et sa diffusion à la télévision... un peu comme si l'on avait attendu 5 ans avant de pouvoir voir Matrix ailleurs qu'au cinéma, alors que désormais, certains films sont accessibles avant même leur diffusion sur grand écran. Les spectateurs (ou "e-spectateurs" devrait-on dire) peuvent désormais éviter d'attendre qu'un film américain soit traduit, sous-titré et disponible en France. L'ordre habituel de la chronologie de diffusion des médias est le suivant : cinéma, puis vidéo (location puis vente), et enfin TV. En France, la règlementation a ainsi longtemps crée la chronologie suivante :

- sortie du film en salle
- sortie en vidéo et en pay per view au bout d'un an
- diffusion sur Canal+ au bout de 15 mois
- diffusion sur les chaînes en clair au bout de 2 ans.

La directive européenne "télévision sans frontières" de 1997 a mis un terme à ce schéma, permettant aux producteurs et diffuseurs de négocier de gré à gré la chronologie de diffusion. Cette chronologie est un aspect crucial de la stratégie commerciale des producteurs et des diffuseurs, qui peuvent ainsi amortir les coûts élevés d'un film sur plusieurs années, en créant de facto plusieurs marchés : celui des cinéphiles, puis celui des spectateurs des chaînes à péage, et enfin celui des chaînes télévisées hertziennes.

Voici schématiquement la chronologie de diffusion telle qu'elle s'applique en France actuellement (source : wikipédia) :


Les délais ayant pour fonction principal de protéger l'exploitation en salle (la plus rentable pour la production), ceux-ci peuvent être rallongés en cas de succès, afin de continuer à engranger les bénéfices sur les places de cinéma (cas du Fabuleux destin d'Amélie Poulain). Ou raccourcis, en cas de flop en salle !

Cependant, cette chronologie risque d'évoluer. D'une part parce qu'elle est renégociée chaque année, et d'autre part parce que les différents acteurs en lice ont des intérêts divergents. Du point de vue des FAI (pour l'instant bloqués à 33 semaines), ce délai est trop long, et leur stratégie consiste à tenter d'aligner leur délai sur celui de la vente/location (24 semaines). Cette volonté va à l'encontre d'autres diffuseurs, notamment Canal+, qui veut conserver ce délai de 33 semaines pour garder la main sur les premières diffusions hors-salle. Le conflit principal n'est cependant pas celui des FAI contre les chaînes privées, tous deux se retrouvent finalement associés pour lutter contre le véritable ennemi des producteurs et diffuseurs : les pirates. Comme le note Jurispedia, "Cette tendance en faveur d’une adaptation de la chronologie des médias à la réalité des nouveaux modes de consommation a pour origine la volonté de lutter contre une piraterie toujours plus accrue".

La situation pourrait cependant se débloquer plus vite que prévue pour plusieurs raisons :
- les délais sont étonnamment longs lorsque l'on sait qu'environ 80% du total des entrées est atteint au bout de 3-4 semaines d'exploitation en salle.
- l'IPTV est en pleine expansion. La VoD est facilitée par la pénétration de l'ADSL (15 millions d'abonnées au 30 juin 2008) en France. Cependant, tous ces abonnés n'ont pas forcément accès à l'IPTV, qui est disponible pour ceux disposant des offres Triple Play (Internet, Télévision et Téléphonie) et qui se trouvent non loin des centraux téléphonique, c'est à dire principalement dans les grandes villes. Le nombre de clients IPTV avait ainsi atteint 5 millions en France, pays leader sur ce segment. Autant de clients potentiels pour l'achat de films.


Gageons également que raccourcir les délais de diffusions pour les FAI permettra d'enrayer les téléchargements illégaux, la tentation du piratage me semble être moins grande si l'on a moins à attendre pour pouvoir savourer des films (trop) longtemps attendus !



lundi 4 août 2008

DRM et gratuité, ou le bâton et la carotte

La gestion des droits numériques (Digital Rights Management en anglais, d'où le DRM utilisé communément) est toujours au centre des débats sur la propriété intellectuelle, dans sa version numérique. Le terme DRM recouvre l'ensemble des dispositifs techniques visant à protéger un fichier numérique.


L'image “http://www.ville-ge.ch/bmu/nutech/drm.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.


Ce type de "verrou" a eu pour première (mais indolore) incarnation les fameuses zones des DVD. Impossible de lire un DVD américain ? C'est un type de DRM. Vous n'arrivez pas à zapper la page de pub de quelques secondes qui précède nombre de vidéo sur le web ? Idem. Tout le secret, techniquement parlant, réside dans les clés qui sont utilisés pour verrouiller les produits ou les fichiers, mais l'ingéniosité des pirates a souvent eu raison des clés les plus complexes en quelques temps. Pour être plus précis, la "clé" est généralement unique : en gros, lorsque vous achetez un titre sur iTunes, les serveurs d'Apple vont créer une clé supposée ne marcher qu'avec votre iTunes, sur votre ordinateur. Cette technique de chiffrement n'est pas sans rappeler les meilleurs passages des livres d'espionnage ! Les clés sont également dotées de plusieurs possibilités d'utilisation, du stream (utilisation unique) au download+ (téléchargement + droit de copie sur certains supports).

Le problème majeur des DRM, car jusqu'ici protéger un droit d'auteur semble légitime, est qu'ils finissent par léser le consommateur. Comment ? En créant chacun sa clé dans son coin, en gros, les constructeurs/producteurs/diffuseurs ont créé autant de standards incompatibles entre eux... et si vous avez payé un titre sur iTunes, il y a fort à parier que vous aurez des soucis pour l'écouter ailleurs que sur un produit estampillé Macintosh. Sauf à repayer le même titre dans sa version Microsoft, par exemple. Il est assez sidérant de voir que les constructeurs/producteurs/diffuseurs, qui ont tous le même intérêt à lutter contre le piratage, ne soient pas parvenus à s'entendre sur un point qui menace pourtant constamment leurs positions. Leur stratégie m'échappe (si vous avez des idées, des pistes...). Cette interopérabilité manquante lèse directement les constructeurs/producteurs/diffuseurs, car le consommateur ne va pas acheter plusieurs fois le même produit, et il sera alors tenté de le pirater. CQFD, à priori...


L'image “http://www.microsoft.com/silverlight/images/media/drm-flow.jpg” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.

Cette posture des constructeurs/producteurs/diffuseurs est extrêmement infantilisante pour les consommateurs, qui au final sont perçus par défaut comme des pirates, et non pas comme des individus à même de saisir les enjeux de la propriété intellectuelle (rémunération des auteurs, financement de l'économie du numérique, maintien de la 'biodiversité' et de la créativité des artistes, fonds de soutien etc). C'est justement du côté des artistes eux-mêmes qu'on trouve quelques approches innovantes en termes de DRM. ou justement, la question des DRM est évacuée. On peut citer à cet égard les Barenaked Ladies, ou Norah Jones, qui ont choisi de distribuer leurs titres dans DRM. Ce qui ne veut pas dire "donner", mais bien "vendre", mais sans accrocher au produit le DRM.

Le retournement de la question des DRM devient même un argument marketing stratégique pour les plus audacieux. Ainsi Apple avait créé la surprise en demandant aux majors d'abandonner purement et simplement les DRM... pour apparaître comme le sauveur des consommateurs éclairés ? Yahoo semble suivre cette voie en dé-DRM-isant ses fichiers, pour de bon, et en proposant même d'indemniser les utilisateurs qui avaient payé des fichiers DRM (qui seront inutilisables une fois les serveurs DRM démontés)... Cela dit, pour Yahoo, c'est presque une question de survie après le raid épuisant de Microsoft. Yahoo rejoindrait ainsi Napster, Rhapsody ou encore Amazon qui avaient déjà fait le choix de ne pas mettre de DRM dans leur musique. Tous les regards se tournent donc maintenant vers iTunes, leader de la musique en ligne, toujours DRM-iste aux dernières nouvelles...