vendredi 22 octobre 2010

IP Convergence : Les PME en retard sur la ToIP

Depuis des années les différents prestataires font assaut de séduction auprès des PME, mais celles-ci restent sous équipées. Les décisions pourraient s'accélérer, les PME prenant conscience de leur retard par rapport aux grands comptes et de leur faible avance sur les TPE, côté télécoms, la mobilité précipite le lancement d'offres triple play.

Paradoxe, 26% des TPE française (moins de 10 salariés) sont passées à la ToIP (avec des solutions diverses : box, Pbx, Ipbx, centrex) alors que 29% des PME (10 à 499 salariés) l'ont fait. Les deux chiffres sont proches, traduisant une bonne adhésion des TPE à la ToIP, mais un retard certain des PME. Les grands comptes étant, avec des services internes dédiés aux sujets télécoms encore mieux équipés. Ces chiffres sont dus au cabinet Scholé Marketing qui publie depuis cinq ans un Observatoire de la ToIP.

Les PME posent donc un vrai problème aux acteurs des télécoms et des réseaux. Le potentiel est pourtant là. 80% des 200 000 PME françaises et 60% des TPE ont un Pbx (commutateur telecom), ce qui laisse une forte marge de progression. Toujours selon Scholé Marketing, près du tiers des Pbx en France sont obsolètes. En fait, derrière ces chiffres engageants, se profile une vraie difficulté pour les prestataires à s'adresser aux PME et à tisser des relations avec leurs réseaux de distribution.

Le marché français souffre également de plusieurs particularités. D'abord, l'extrême morcellement des clients avec près de 3 millions de TPE en France selon l'Insee. Et surtout, le « phénomène des box ». Si les TPE sont équipées en ToIP, c'est parce qu'elles ont adopté une box grand public. « Peut être faudrait-il mettre au point des box pro plus sophistiquées» lance Nicolas Amestoy, le directeur de Scholé Marketing.

Installateurs et intégrateurs sont en première ligne

« Certes, remarque malicieusement Jean-Michel Texier, gérant du Groupement Convergence, la box a habitué le client au forfait à son domicile, mais une fois dans son entreprise il se retrouve dans un univers totalement différent et la ToIP entraîne des problèmes de qualité ». Le message est clair : installateurs et intégrateurs sont en première ligne. Dans l'informatique, un client peut attendre une heure ou deux pour être dépanné, dans les télécoms c'est dans la minute. « Une interruption de communication » est inacceptable souligne Jean-Michel Texier qui relève les problèmes de qualité de la ToIP et donc le caractère indispensable des installateurs et intégrateurs comme lui. Des problèmes de qualité qui ont pu freiner l'adoption de la ToIP dans les PME.

Côté télécoms et opérateurs, les évènements s'accélèrent. Historiquement, les opérateurs ont proposé aux entreprises des solutions voix, plus récemment (quelques années) de l'accès internet, depuis quelques mois, ils s'engagent sur la mobilité. Le mouvement se précipite, avec des offres packagées, des interlocuteurs uniques, et une bataille féroce, des trois grands entre eux et avec les opérateurs alternatifs. Parmi ces derniers, plusieurs sont devenus MVNO afin de pouvoir proposer de la mobilité : Acropolis Telecom, Futur Télécom, Global Concept, Nerim, Keyyo il y a un mois seulement. Ils vont pouvoir ainsi résister aux trois grands opérateurs qui déboulent avec des offres « triple play » entreprises : fixe, internet, mobile. « On pourrait même parler de quadruple play, explique Silvère Baudoin, directeur général adjoint de Keyyo, si l'on ajoute les services analogiques : fax, contrôle des alarmes etc...».

Cette mobilité pourrait servir de facteur déclencheur à une reprise de l'investissement dans les PME. D'autres facteurs sont cités. Le vieillissement des PBX pour Scholé Marketing, le besoin de monter en débit chez Acropolis Télécom, celui de réduire sa facture et de mieux appréhender sa dépense télécom du côté de Keyyo. « Il faut aussi innover, chez Keyyo nous vendons du centrex en ligne, le client installe lui-même les téléphones pré configurés qu'il installe sur son Lan, explique Céline Lazard, la directrice commerciale de l'opérateur ». Mathieu Dulac responsable du marché PME chez Alcatel-Lucent insiste, pour sa part, sur le besoin des entreprises de se réformer et de repenser leur organisation, par exemple avec du travail collaboratif. Plus prosaïquement, d'autres interlocuteurs citent les réorganisations ou les déménagements d'entreprises.