lundi 4 août 2008

DRM et gratuité, ou le bâton et la carotte

La gestion des droits numériques (Digital Rights Management en anglais, d'où le DRM utilisé communément) est toujours au centre des débats sur la propriété intellectuelle, dans sa version numérique. Le terme DRM recouvre l'ensemble des dispositifs techniques visant à protéger un fichier numérique.


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Ce type de "verrou" a eu pour première (mais indolore) incarnation les fameuses zones des DVD. Impossible de lire un DVD américain ? C'est un type de DRM. Vous n'arrivez pas à zapper la page de pub de quelques secondes qui précède nombre de vidéo sur le web ? Idem. Tout le secret, techniquement parlant, réside dans les clés qui sont utilisés pour verrouiller les produits ou les fichiers, mais l'ingéniosité des pirates a souvent eu raison des clés les plus complexes en quelques temps. Pour être plus précis, la "clé" est généralement unique : en gros, lorsque vous achetez un titre sur iTunes, les serveurs d'Apple vont créer une clé supposée ne marcher qu'avec votre iTunes, sur votre ordinateur. Cette technique de chiffrement n'est pas sans rappeler les meilleurs passages des livres d'espionnage ! Les clés sont également dotées de plusieurs possibilités d'utilisation, du stream (utilisation unique) au download+ (téléchargement + droit de copie sur certains supports).

Le problème majeur des DRM, car jusqu'ici protéger un droit d'auteur semble légitime, est qu'ils finissent par léser le consommateur. Comment ? En créant chacun sa clé dans son coin, en gros, les constructeurs/producteurs/diffuseurs ont créé autant de standards incompatibles entre eux... et si vous avez payé un titre sur iTunes, il y a fort à parier que vous aurez des soucis pour l'écouter ailleurs que sur un produit estampillé Macintosh. Sauf à repayer le même titre dans sa version Microsoft, par exemple. Il est assez sidérant de voir que les constructeurs/producteurs/diffuseurs, qui ont tous le même intérêt à lutter contre le piratage, ne soient pas parvenus à s'entendre sur un point qui menace pourtant constamment leurs positions. Leur stratégie m'échappe (si vous avez des idées, des pistes...). Cette interopérabilité manquante lèse directement les constructeurs/producteurs/diffuseurs, car le consommateur ne va pas acheter plusieurs fois le même produit, et il sera alors tenté de le pirater. CQFD, à priori...


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Cette posture des constructeurs/producteurs/diffuseurs est extrêmement infantilisante pour les consommateurs, qui au final sont perçus par défaut comme des pirates, et non pas comme des individus à même de saisir les enjeux de la propriété intellectuelle (rémunération des auteurs, financement de l'économie du numérique, maintien de la 'biodiversité' et de la créativité des artistes, fonds de soutien etc). C'est justement du côté des artistes eux-mêmes qu'on trouve quelques approches innovantes en termes de DRM. ou justement, la question des DRM est évacuée. On peut citer à cet égard les Barenaked Ladies, ou Norah Jones, qui ont choisi de distribuer leurs titres dans DRM. Ce qui ne veut pas dire "donner", mais bien "vendre", mais sans accrocher au produit le DRM.

Le retournement de la question des DRM devient même un argument marketing stratégique pour les plus audacieux. Ainsi Apple avait créé la surprise en demandant aux majors d'abandonner purement et simplement les DRM... pour apparaître comme le sauveur des consommateurs éclairés ? Yahoo semble suivre cette voie en dé-DRM-isant ses fichiers, pour de bon, et en proposant même d'indemniser les utilisateurs qui avaient payé des fichiers DRM (qui seront inutilisables une fois les serveurs DRM démontés)... Cela dit, pour Yahoo, c'est presque une question de survie après le raid épuisant de Microsoft. Yahoo rejoindrait ainsi Napster, Rhapsody ou encore Amazon qui avaient déjà fait le choix de ne pas mettre de DRM dans leur musique. Tous les regards se tournent donc maintenant vers iTunes, leader de la musique en ligne, toujours DRM-iste aux dernières nouvelles...

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